Si je vous dis que vivre une relation amoureuse est synonyme de confiance, de respect et de sécurité, qu’en dites- vous ? Comment ce fait-il que certain.es patient.es se retrouvent dans des dynamiques où la peur, la contrainte ou la confusion prennent le dessus ?
En tant que psychologue-psychothérapeute et sexologue, il n’est pas rare d’accompagner des patient.es qui ne mettent pas immédiatement le mot « violence » sur ce qu’ils vivent. Et ce n’est pas pour rien : les violences au sein d’une relation impliquant des sentiments d’amour sont souvent insidieuses, progressives et profondément déstabilisantes.
2 notions importantes :
Qu’est ce qu’une violence au sein du couple ?
Il est important de distinguer « conflit » et « violence ». Il est plutôt courant pour les couples que je rencontre d’avoir des conflits. J’ajouterais même que j’accompagne généralement les personnes à ne plus avoir peur des conflits mais à les voir comme des « sonnettes d’alarme » que quelque chose ne va pas et donc une chouette opportunité d’évoluer et d’amener du changement, contrairement aux violences.
La violence peut être physique, psychologique, économique, sexuelle ou numérique. Nous pourrions écrire un article sur chaque mais toutes ont un point commun : elles sont fondées sur un déséquilibre de pouvoir, où l’un.e impose, contrôle ou limite l’autre.
En ce qui concerne les violences sexuelles, rappelons que l’OMS (2006) spécifie que chacun.e a droit à une sexualité « agréable, sécuritaire, sans contrainte, discrimination ni violence » Cela signifie que tout acte sexuel doit être librement consenti, sans pression, sans menace et sans manipulation.
Entendons-nous bien sur la définition, nous ne parlons pas uniquement de viol ici. Nous parlerons aussi des rapports « pour faire plaisir » , par peur du conflit, le chantage émotionnel, l’insitance répétée malgré un refus, l’absence d’information sur un acte (comme le stealthing, retrait du préservatif à l’insu du partenaire).
Petit rappel des changements dans le droit suisse : les articles 189 et 190 du Code pénal reconnaissent clairement qu’un acte sexuel commis contre la volonté de la personne constitue une infraction, et ce depuis l’adoption du principe « Non, c’est Non ». Hé oui ! Il n’est plus nécessaire de démontrer une lutte physique, l’absence du consentement suffit. Le texte législatif reconnait aussi l’état de sidération depuis juillet 2024 .
Beaucoup ne se reconnaissent pas immédiatement dans les dynamiques de violences, comment est-ce possible ?
Tout d’abord nous rappelons que les violences en couple s’inscrivent dans une relation sentimentale. Sortons du biais cognitif du « tout ou rien » et osons le dire à voix haute. Evidemment qu’il y’a dans les relations de couple violente des moments d’amour et/ou de douceur. C’est justement l’une des raisons pour lesquelles il est difficile d’identifier et de partir de ce type de relation. Nous parlons généralement de phase “lune de miel” en opposition aux phases de crise de la violence.
Ensuite, il existe la notion d’emprise qui rend la situation très confuse. Ici, il peut y avoir des sentiments de culpabilité ou de responsabilité chez la personne victime qui viennent renforcer le silence sur la situation.
Quelques ressources pour aller plus loin :
- Agressions sexuelles – urgences : accompagnement 24/7
- ViolenceQueFaire.ch : informations et conseils indépendants
- Centres LAVI : soutien psychologique et juridique pour les victimes
- DIS NO : violences sexuelles numériques
Si vous vous reconnaissez dans certains éléments, ou si vous vous posez des questions, vous avez le droit, dès maintenant, d’en parler dans un espace sûr. Un.e psychologue et/ou sexologue pourra vous offrir un espace sécurisé, sans jugement, clarifier la notion de consentement, accompagner vos émotions (honte, colère, confusion, culpabilité,…), travailler les limites, le rapport au corps et à l’intimité, vous orienter vers des ressources spécialisées LAVI, police, services sociaux, avocat·e, etc.)
Anouck Cogordan Psychologue Psychothérapeute FSP Sexologue (Morges et Tolochenaz)